Les fêtes de Noel approchent, les portefeuilles se délient sur la planète entière..c’est le moment de vous parler de la générosité irlandaise.
L’Irlande est un petit pays, qui n’a jamais été colonisateur ni une grande puissance. Cela a beaucoup d’inconvénients mais aussi des avantages, notamment en ce qui concerne l’état d’esprit: les Irlandais sont dépourvus d’arrogance et pourvus d’empathie.
L’une des choses qui frappent lorsqu’on vit en Irlande, c’est la culture du don au quotidien. Il ne se passe pas un week-end, sans que des volontaires ne se tiennent à la caisse des supermarchés proposant de ranger vos courses en échange d’une petite contribution pour la cause qu’ils défendent. Dans les pays anglo-saxons, contrairement à la France, les subventions étatiques pour les associations caritatives sont maigres, aussi sont elles soumises au bon vouloir de la population…qui n’hésite pas à mettre la main à la poche. Fait intéressant: l’Etat irlandais donne également des réductions d’impôts pour les dons, mais on peut faire en sorte à l’aide d’un simple formulaire, que la déduction fiscale aille sous forme de don supplémentaire à l’association plutôt qu’au crédit du donateur, ce que beaucoup font volontiers.
On est bien loin de l’Etat Français très protecteur et des attentes des Français, qui voient toujours en leur président le descendant du roi de France thaumaurge; résultat, ils sont constamment déçus, forcément.
Nous sommes à la fin de la 2e guerre mondiale, le jeune Etat Irlandais était resté neutre durant le conflit, contrairement à la 1e guerre mondiale. Un mouvement s’est ainsi organisé à la fin de la guerre, pour venir en aide aux enfants européens, des enfants allemands principalement, à une époque où, abasourdie à juste titre par les horreurs nazies, l’Europe considérait les Allemands comme des persona non grata, y compris les enfants. Oui mais 1945 marquait pour les Irlandais également le centenaire de la grande famine, et gardant dans leur mémoire collective à la fois l’horreur de leur propre passé ainsi que le souvenir de ceux qui les avaient aidé à l’époque, il était important pour le gouvernement Fianna Fail, conservateur, de faire quelque chose en faveur des enfants allemands qui souffraient de la faim à leur tour. Cet état d’esprit a donné naissance à « l’opération Shamrock » (rappel: le Shamrock, c’est le célèbre trèfle irlandais à 3 feuilles, conseil: n’achetez jamais un trèfle à 4 feuilles c’est un attrape-touriste, pas un shamrock irlandais!). C’est ainsi que 500 enfants, la grande majorité des catholiques de la Ruhr sont arrivés en 1946 au port de Dun Laoghaire à coté de Dublin (oui la question religieuse était sous jacente, plus sur le sujet dans un article ultérieur). Après avoir passé plusieurs semaines dans les Wicklow au centre de Glencree, à être pris en charge, épucés et nourris de beurre irlandais, ils ont ensuite été confiés pour 3 ans à des familles d’accueil dans tout le pays, le tout sous l’égide de la croix rouge et d’une association caritative créée pour l’occasion, la Save the German Children Society (SGCS). Les enfants sont restés jusqu’en 1949, date à laquelle certains sont rentrés en Allemagne, mais un certain nombre ont préféré rester en Irlande.
Pour la petite histoire, c’est d’ailleurs le travail de la SGCS, organisant notamment des cours d’allemand pour ces enfants, qui a mené dans les années 50 à la création du lycée allemand de Dublin, le bien connu St Killians, qui partage maintenant les locaux avec le lycée français.
En remerciement de l’accueil et donc du sauvetage de ces enfants, l’Allemagne a ensuite offert plus tard la magnifique statue des 3 nornes que l’on peut admirer à St Stephen’s green (cf. photo). Les 3 nornes sont des figures de la mythologie germanique, ce sont elles qui tissent les fils du destin, joli symbole pour cette histoire!
Le deuxième exemple prend aussi sa source durant la grand famine, où les amérindiens de la tribu des Choctaw s’étaient cotisés en 1847 pour faire parvenir 170 dollars à l’Irlande affamée. Il faut savoir qu’une quinzaine d’années auparavant, la tribu Choctaw avait été forcée par le jeune gouvernement américain de quitter ses terres d‘Alabama, pour une longue marche de 500 miles vers l‘Oklahoma, et nombre sont morts de faim et de maladie sur la route.
A Midleton, c’est la patrie de Jameson à coté de Cork, une magnifique sculpture représentant des plumes rappelle aux visiteurs la générosité des Choctaw lors de la grande famine.
Oui la dépossession, l’exil et la famine ils connaissent, cela a créé des liens durables entre l’Irlande et les Amérindiens. Ainsi, lorsque les Navajos, qui malgré la concession de la sublime Monument Valley restent particulièrement défavorisés, ont récemment appelé à l’aide car durement touchés par la pandémie, l’appel a été entendu. Plus de 3 millions de dollars ont été donnés directement par les irlandais, certains célèbres d’autres non, afin d’aider les Navajos à surmonter la maladie.
Alors la morale de l’histoire, si morale il y a:
1 ce sont rarement les plus riches qui donnent le plus
2 tout évènement, aussi tragique qu’il soit, peut donner lieu à de belles surprises



Magnifique ton article, chère Pauline , sur la générosité irlandaise !Your MumEnvoyé depuis mon smartphone Samsung Galaxy.
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