Approcher un pays par ses mythes permet de le comprendre. L’Irlande fourmille de légendes propres, qui sont très intéressantes, En voici quelques unes, jugez par vous meme..
Plusieurs histoires tournent autour d’un même personnage, appellé FIONN. Le leader du Fianna, Cumhall, était un personnage très respecté. De jalousie, il fut assassiné par des membres de son armée, comme quoi même l’élite n’est pas exempte de vice. De peur que son fils alors bébé ne subisse le même sort, l’épouse de Cumhall le confia le cœur brisé à deux femmes vivant dans une grotte, l’une guerrière l’autre druide (des féministes avant l’heure ces irlandais). Les deux sages ont élevé Fionn lui enseignant tout ce qu’elles savaient, l’art de la guerre, mais aussi de la magie et de la guérison. Une fois adolescent et après lui avoir transmis l’intégralité de leur savoir, elles l’envoyèrent servir le poète Finneigas pour parfaire son éducation. Un jour un saumon fut pêché dans la rivière, Fionn ne le savait pas mais c’était le saumon de la connaissance. Son maitre le sage lui enjoint alors de cuire le saumon avec interdiction absolue de manger la chair cuite. Fionn obéit mais en faisant cuire le poisson, il se blesse le doigt en touchant la peau brûlante, du coup il porte instinctivement son pouce à sa bouche pour atténuer la douleur. En voyant cela, son maitre est furieux, car celui qui mange ou même simplement goûte du saumon de la connaissance en premier, l’acquiert du même coup. Et cela ne vaut que pour une seule personne. Par conséquent, pour le restant de ses jours, il a suffi à Fionn de sucer son pouce dès lors qu’il avait une question. Pratique, non?
Une fois devenu adulte, Fionn mac Cumhaill rejoint les célebrissimes Fianna (cf article Les Irlandais sont ils des Celtes?), et après avoir vaincu le dragon de Tara il prit la direction du Fianna, afin de protéger la terre d’Irlande. Comme il est un peu hyperactif (enfin, ça c’est mon interprétation hein), il s’amuse à ses heures perdues à construire une route entre l’Irlande et l’Ecosse, jusqu’où sa renommée arrive et notamment aux oreilles d’un vrai géant très très méchant, et très très jaloux. Il lance un défi à Fionn et annonce sa visite pour un combat. Oui sauf que Fionn est un super guerrier, mais pas un géant lui. Le géant arrive le jour prévu et sonne chez Fionn. Son épouse ouvre la porte le fait entrer lui disant que Fionn ne va pas tarder. En bonne maitresse de maison, elle lui propose du café et du gâteau et dit qu’elle doit s’occuper du bébé. Le géant est curieux et voit un bébé emmailloté et endormi, à ceci près qu’il a une taille adulte! Et l’épouse de Fionn de détailler fièrement son régime alimentaire, tout en regrettant qu’il soit le plus petit de la famille. Pris d’angoisse devant la taille du bébé, et imaginant ce qu’un tel être humain deviendrait une fois adulte, le géant ne se sent pas de taille et prétextant une affaire urgent repart fissa fissa en Ecosse, en prenant soin de détruire la route entre l’Irlande et l’Ecosse dans sa fuite afin d’être certain que Fionn ne vienne jamais le chercher : ce sont les pierres jetées par le géant écossais qui créent ainsi la chaussée des géants! Vous l’aurez deviné, le « bébé » n’était personne d’autre que Fionn lui-même. Moralité : quand on a pas la force, il faut de la ruse.
Les années passent et l’épouse de Fionn vient hélas à décéder. Le héros vieillissant ne veut pas rester seul et obtient la main de la très belle Grainne, la fille du roi. Celle-ci, comme vous pouvez l’imaginer est très peu motivée à l’idée d’épouser ce vieux barbon. Mais une promesse est une promesse et les fiançailles sont célébrées en grande pompe. Le soir des fiançailles, l’oeil de Grainne est attiré par l’un des guerriers de Fionn, le jeune et beau Diarmuid. Les deux jeunes gens, pris entre passion et remord s’enfuient la nuit même après que Grainne a versé un puissant somnifère dans le repas de fête et fait avaler un filtre à Diarmuid. Brève digression: cela ressemble fortement a l’histoire de Tristan et Iseult, la belle Iseult était promise au roi Marc, qu’elle épouse du reste, pour ensuite aller régulièrement dans les bras de Tristan, cachés dans les bois. Bref, Fionn blessé dans son orgueil de vieux mâle part à la recherche des amants interdits à travers toute l’Irlande, mais de bois en bois et de ruines en ruines ceux-ci arrivent à lui échapper. Après des années de recherche, il décide officiellement de laisser le couple vivre en paix. Après quelque temps, lors d’une chasse, Diarmuid est grièvement blessé par un ours. Le seul à pouvoir le guérir, c’est justement Fionn qui dispose de l’antidote nécessaire (rappel : la druidesse !), mais celui-ci encore furieux que Diarmuid lui ai piqué sa promise refuse de lui donner la potion. Diarmuid meurt dans les bras de Grainne, qui décède elle-même de chagrin peu après. Moralité : heu là je ne sais pas trop s’il eut mieux valu que Grainne épouse Fionn et soit prospère mais malheureuse toute sa vie ou bien si elle a eu raison de vivre sa passion vagabonde, même si elle le paye cher in fine. A vous de juger.
Fionn avait un fils du nom de Oisin. Un jour alors qu’il était en route avec Fionn et les Fianna, celui-ci rencontre Niamh, une magnifique jeune princesse venue d’un autre royaume. Coup de foudre et hop Oisin grimpe sur le cheval blanc de Niamh pour aller dans son royaume, royaume de la jeunesse qui ne connait ni peine ni douleur ; Fionn le laisse partir le cœur lourd. Oisin épouse Niamh et après quelques années de bonheur sans faille exprime le souhait de revenir en Irlande pour voir son père comme promis. Niamh accepte à contre-coeur mais y met une condition: Oisin doit repartir avec le cheval blanc et n’a pas le droit de mettre un seul pied à terre sur le sol d’Irlande. Une fois arrivé à destination, Oisin trouve le pays profondément changé, la population a l’air plus faible qu’avant son départ et aucune trace de Fionn et des guerriers du Fianna (NB : serait-ce une parabole de l’occupation britannique ??). En croisant un groupe de personnes qui essayent de bouger un rocher, son esprit serviable prend le dessus et il propose de les aider. Oui mais voilà, à peine touche t-il le sol qu’il devient instantanément un vieillard, car le temps n’avait pas d’emprise dans le royaume de Niamh mais en Irlande plus de 300 ans s’étaient écoulés (comme quoi, toujours respecter la consigne à la lettre, stick to the list..) ! Après avoir pu raconter son histoire à la foule qui était venu l’entourer, il décède peu de temps après sur sa chère terre d’Irlande, mais sans avoir jamais pu revoir sa bien-aimée Niamh.
Conclusion: en Irlande décidément entre l’amour de son pays et celui de ses proches, il faut choisir..
La semaine prochaine : l’Irlande magique 2/2: Irlande magique au coin de la rue


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